Précieux Déchets
Le mot du comité écothèque
L'exposition "Précieux Déchets" a mis en cohérence les valeurs écologiques du sujet avec le processus de création scénographique. Celui-ci est quasi uniquement fondé sur le réemploi à l'approvisionnement et à la fin du projet. De plus, le scénographe a conçu sa scénographie au regard de la programmation d'Universcience : les matériaux sont pensés pour être réutilisables sur plusieurs expositions successives, et ainsi entretenir une boucle interne de réemploi au sein de l'établissement.
Publié par Jeanne Koch, Quentin Rioual, Annabel Vergne le 10/07/2024, mis à jour le 02/06/2025
Domaine artistique
Arts visuelsRégions
Île-de-FranceDescription du projet
«Précieux déchets » (titre original « Waste Age: What Can Design Do? ») est une exposition conçue par le Design Museum de Londres (23 octobre 2021 - 20 février 2022). L'exposition organisée en France expose une partie des œuvres de l'exposition originelle et y ajoute de nouvelles créations rendant compte de l'innovation en France, et adaptées au public français. Dorothée Vatinel en est la commissaire de l'exposition et Renaud Djian le scénographe.
L'exposition a pour ambition de mettre en lumière une nouvelle génération de designers qui repensent notre relation aux objets du quotidien. L'exposition tord l'idée reçue selon laquelle matériaux et objets réalisés à partir de déchets seraient nécessairement ringards ou laids. Elle révèle la valeur - jusqu'alors ignorée - des déchets et souhaite, par son approche, donner de l'élan vers ce type de matériaux.
La scénographie et le parcours d'exposition ont été totalement revus pour s’adapter à la superficie et aux caractéristiques du lieu d’exposition de la Cité des Sciences (600 m2 et peu de hauteur sous plafond, contre 900 m2 au Design Museum, et plus de 4m de hauteur sous plafond).
La scénographie de l'exposition est en accord avec ses intentions artistiques. Son objectif a été d'utiliser 95% de matériaux issus de déchetteries, recycleries, plateformes de matériaux ou réemploi interne. La fin de vie de l'exposition a été pensée pour flécher l'entièreté des matériaux, déjà issus du réemploi, vers un nouveau réemploi, une réutilisation ou un recyclage.
Photos
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Œuvre de l'exposition-Précieux Déchets
© Ph Levy
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Scénographie de l'exposition "Précieux Déchets"
© Ph Levy
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Vue de l'entrée de l'exposition "Précieux déchets"
© Ph Levy
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Vue de l'exposition
© E. Laurent - EPPDCSI
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Vue de l'exposition
© A. Robin - EPPDCSI
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Vue de l'exposition
© A Robin - EPPDCSI
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Panneau sortie de l'exposition "Précieux Déchets"
© Universcience
Éco-responsabilité du projet
0
Concevoir ensemble
1
Sélection des matériaux ayant le moins d’impact
2
Réduction de la quantité de matière
3
Optimisation des techniques de production
4
Optimisation de la logistique
5
Réduction de l’impact environnemental de la phase d’utilisation
6
Optimisation de la durée de vie du projet
7
Optimisation de la fin de vie du projet
© studio dazd – Augures Lab Scénogrrrraphie, d'après la roue de Brezet & Van Hemel
Qu’est-ce qu’une démarche d’écoconception ?
L’écoconception répond à un cadre strictement défini par une norme et dont l’objectif est “d’obtenir un produit ou un service qui répond à un besoin fonctionnel et dont l’impact environnemental a été réduit de façon significative” (Pôle Écoconception). S’inscrire dans une démarche d’écoconception est une manière de tendre vers cet objectif dans un cadre autonome, plus adaptable et accessible. Tous les projets référencés ne sont pas considérés comme “écoconçus” au sens de la norme, mais comme “inspirants” au sens de l’intérêt de la démarche pour réduire ses impacts à différentes étapes du cycle de vie.
Pourquoi la roue de l’écoconception ?
La roue de Brezet & Van Hemel est un outil stratégique couramment utilisé pour construire et analyser une démarche d’écoconception : il s’agit de donner un cadre de pensée autour des impacts en amont, pendant l’usage et en aval d’un projet. Plus précisément : le cercle intérieur définit le cycle de vie du projet ; le cercle extérieur définit les stratégies d’écoconception à chacune de ces étapes du cycle de vie. Pour un axe stratégique, plusieurs actions peuvent être mises en place. Les projets référencés vous en présentent quelques-unes, pour inspiration et partage d’expérience.
Vous trouverez ci-dessous l’évaluation de ce projet selon l’approche Brezet & Van Hemel, regroupant les différents critères pris en compte et leur explication pour chaque axe de l’approche.
0. Concevoir ensemble
Mobilisation des métiers
Au sein du musée, la commissaire Dorothée Vatinel, le scénographe Renaud Dijan et la responsable des travaux graphiques Zoé Coulibaly ont porté la démarche. Ils ont pu mobiliser les techniciens d'une société extérieure ayant un marché avec cette institution. Les équipes ont réalisé des tâches très variées sortant parfois du cadre de leur travail. Les compétences en écoconception de chacun·e ont été mises à profit. Cela a même permis des montées en compétence. L’expérience a permis une formation de pair à pair entre les métiers, et démontre l'importance de la confiance et de l'accompagnement entre les équipes pour réaliser ce type de projet.
Sensibilisation des parties prenantes
Les porteur·ses du projet ont dû particulièrement s'investir afin de fédérer et convaincre les équipes internes et externes de mettre en œuvre le projet dans son entièreté.
Programmation engagée
Le thème de l’exposition s'aligne tout à fait avec une démarche d'écoconception très aboutie. L'équipe a cherché à appliquer le message de l'exposition dans sa démarche de conception.
Temps adapté à l'écoconception
Réalisation imposée en 9 mois. Adaptation du temps de travail quotidien des équipes pour pouvoir réaliser ce projet d'écoconception afin de pouvoir se déplacer, dialoguer et accompagner les prestataires.
Renoncement
Une démarche de renoncement a porté sur le niveau d'exigence des finitions et sur la sélection des films qui a été ajustée en fonction des supports d’écran disponibles. Les cartels abîmés en cours d’exposition n'ont volontairement pas été remplacés tant qu’ils restaient lisibles. Des cartels abîmés, signe du passage de nombreux visiteurs, sont considérés "pâtinés". Les vidéoprojecteurs du parc existant ont été utilisés même si la qualité aurait pu être meilleure avec du matériel plus récent ou neuf.
1. Sélection des matériaux ayant le moins d’impact
Matériaux/matériel issus du réemploi ou de la réutilisation
Les matériaux du projet, issus du réemploi ou de la réutilisation par élément : - Podiums : réalisés avec des portes de bureau récupérées sur des chantiers d'Île-de-France, et empilées à l'horizontale - Mur d'entrée : façade constituée de galettes de déchets compressés et composition polychrome à partir des chutes de bois des portes récupérés sur les murs internes de l'exposition - Cimaises : réalisés avec des portes de bureau récupérées sur des chantiers d'Île-de-France, suspendues à une ossature SIRT - Partition interne : tulle récupéré d'une exposition art-science - Matériel AV : matériel récupéré de diverses expositions passées - Cloches plexiglass : une partie récupérée de l'édition londonienne, d'autres de la récupération de vitrines d'exposition de la Cité des sciences et de différents musées (grâce au socleur Yves Morel) - Mobiliers empruntés aux espaces tertiaires (bureaux) de la Cité des Sciences
Matériaux issus de ressources renouvelables
Finitions réalisées avec de la peinture Algo.
Matériaux recyclés
La façade de l’exposition a été habillée avec des galettes de déchets métalliques compressées. Ces galettes brutes proviennent de l'usine de recyclage PAPREC et ont été empruntées pour la durée de l'exposition. Elles ont ensuite été remises dans le circuit de fonte pour être recyclées en plaques de métal chez Usinor.
Matériaux recyclables
Les cartels sont imprimés sur du carton alvéolaire Nidatech non ignifugé et donc 100% biodégradable. Les feuilles imprimées ont été collées à la colle à bois, ou réalisées en “aquapaper” pré-encollé. Le graphisme noir et blanc est léger de façon à utiliser moins d’encre. Les cartels sont uniquement rédigés en français pour ne pas multiplier les cartels, les autres langues étant accessibles via un lien QR code à l’entrée de l’exposition. Chaque cartel comporte un numéro correspondant au cartel en ligne. Un système simple de bande de couleur nous indique la partie de l’exposition dans laquelle nous sommes.
Matériaux fabriqués localement / Matériel sourcés localement
Les matériaux en réemploi et en réutilisation sont issus de chantiers, hôtels, hôpitaux, etc, situés à moins de 5km du lieu d'exposition. Les portes éclectiques exposées sont pensées comme un témoignage de la diversité des lieux de sourcing.
Matériau utilisé
3. Optimisation des techniques de production
Démontable
L'exposition a été conçue pour être totalement démontable, en vue d'être réutilisée en intégralité pour les prochaines expositions d'Universcience.
Séparabilité des matériaux
Les matériaux ont été assemblés pour être séparables en fin d'exposition de façon à être réutilisés pour les prochaines expositions.
Réduction des chutes de production
Réutilisation des chutes des portes pour la composition murale
4. Optimisation de la logistique
Transport optimisé
La compacité des palettes a permis de réduire les livraisons (mixte camions électriques et non électriques). Certaines œuvres ont été transportées en train en profitant des déplacements du personnel de la Cité des sciences pour les petites œuvres.
5. Réduction de l’impact environnemental de la phase d’utilisation
Sensibilisation des publics à notre démarche d'éco-responsabilité
Installation d'un panneau d'explication sensibilisant à la démarche d'éco-responsabilité.
6. Optimisation de la durée de vie du projet
Réemploi ou réutilisation anticipés
La fin de vie de l’exposition a été anticipée : tous les éléments internes (structures, éclairage, audiovisuel) sont retournés dans le parc de la Cité des sciences. Les portes servent dans les nouvelles expositions, 60% du stock ont été utilisées sur les expositions suivantes à date de mars 2024. Les chutes sont parties au recyclage.
Réutilisation ou réemploi internes sur plusieurs projets
L'exposition "Machine-Arrière" en construction en 2025, réemploie certains des éléments de la scénographie de l’exposition "Précieux Déchets".
7. Optimisation de la fin de vie du projet
Recyclage en boucle fermée
Les galettes de déchets de PAPREC sont ensuite retournées dans le circuit de recyclage.
Bilan
Bilan d'évaluation du projet
Le réemploi à l'approvisionnement est de 95 % pour les matériaux de la scénographie. Les 5% restant étant les supports d'impression, quelques câbles et l'accastillage complémentaire. Les cimaises, podiums, et murs d’entrée ont eu une première vie. La liste précise des matériaux est à retrouver plus bas.
Le réemploi à la fin du projet est de 100 % (hormis les cartons alvéolaires imprimés).
Les usages suivants ont pu être trouvés :
- Réutilisation des portes et des podiums pour concevoir des plateaux suspendus et un plancher acoustique pour l'exposition "Machine arrière".
- Toiles suspendues restées en place sur site en vue des prochaines expositions.
- Galettes métalliques remises dans le circuit de ‘recyclage’.
- Capots en PMMA renvoyés au socleur ou stockés pour un usage ultérieur.
- Matériel audiovisuel réemployé pour de futures expositions.
- Accastillage réutilisé