1. Le sujet
Pourquoi s'intéresser à l'écoconditionnement ? Quelle est l'évolution de la recherche et des pratiques ? Comment est structuré le guide ?
Constat
Le premier constat à tirer est que le monde patrimonial contribue au réchauffement climatique et à la pollution de l'environnement. Les différents bilans carbone de musées montrent que la mobilité des visiteur·euses est la principale source d'émission de gaz à effet de serre. Juste derrière : le déplacement des œuvres (leur emballage et leur transport) et la scénographie, principalement dans le cadre d'exposition temporaire.
En matière de régie des œuvres, de nombreuses pratiques répandues nous semblent à réinterroger au regard de leur impact environnemental : le suremballage, l'utilisation de caisses de transport à usage unique, le transport majoritairement aérien, l'utilisation massive de plastique pour le conditionnement, etc.
En effet, depuis les années 1990, les matériaux utilisés au quotidien pour l'emballage et le conditionnement des œuvres et objets patrimoniaux (à des fins de transport et/ou de stockage) sont majoritairement des plastiques issus du pétrole, du gaz et du charbon (hydrocarbures fossiles). Sur tout leur cycle de vie, ces matériaux ont un impact environnemental considérable : de l'extraction des matières premières fossiles, en passant par la fabrication, le transport, de leur utilisation souvent à usage unique, jusqu'à la gestion de leur fin de vie, avec la difficulté - voire l'impossibilité - de les recycler, et enfin leur caractère non biodégradable, autrement dit la pollution microplastique. On en connaît aujourd'hui les nombreuses conséquences sur les sols et l'eau. Force est de constater que ces conditionnements plastiques dits "pérennes" ne le sont peut-être pas autant qu'on a pu le croire quand leur usage a commencé à se généraliser. Nous savons aujourd'hui que pérennes, ils ne le sont pas, mais que leur durée de vie reste souvent inconnue. Elle peut être estimée entre 20 et 40 ans selon les conditions de stockage. Au-delà de l'impact environnemental, cela interroge donc la problématique même de conservation.
Points clés
Enjeux
- trouver des alternatives aux matériaux pétrosourcés pour l'emballage et le conditionnement en tenant compte des contraintes de conservation des collections ;
- éviter autant que possible l'utilisation de caisses et emballages à usage unique ;
- réduire les déchets ;
- réutiliser et réemployer les matériaux et les emballages ;
- faire évoluer les pratiques et les habitudes de manière simultanée et concertée sur toute la chaîne de métiers concernés
Freins
- crainte par rapport au respect des normes de conservation préventive ;
- manque de connaissances techniques sur les matériaux ;
- accessibilité des alternatives ;
- manque de temps ;
- poids des habitudes ;
- coût des alternatives et du stockage
Leviers
- sensibilisation grandissante du secteur ;
- travaux de recherche de plus en plus nombreux ;
- expérimentations au sein des institutions ;
- appui des associations professionnelles
Périmètre
Objets patrimoniaux et œuvres d'art
Pourquoi ce guide
- sensibiliser les professionnel·les du patrimoine et les preneur·euses de décision à l'impact environnemental des conditionnements ;
- diffuser les pratiques durables de l'écoconditionnement et fournir les clés pour des choix plus raisonnés ;
- identifier des alternatives aux matériaux pétrosourcés
Pour qui
- professionnel·les du secteur culturel au sens large ;
- plus particulièrement : gestionnaires de collections des musées et des bibliothèques, conservateur·rices, régisseur·euses, technicien·nes, magasinier·es, etc. ;
- et aussi : prestataires et fournisseurs, décideur·euses politiques
Problématique
Comment concevoir des conditionnements d’œuvres et d’objets patrimoniaux à l’impact environnemental maîtrisé, dans le respect des normes de conservation ?
Évolution de la recherche et des pratiques
Un intérêt grandissant côté universitaire
Les mémoires universitaires portés sur des sujets environnementaux attirent de plus en plus d'étudiant·es depuis plus d'une dizaine d'années. Ils représentent aujourd'hui près d'un tiers des sujets traités en master régie et conservation préventive de l'École du Louvre*, signe de l'intérêt grandissant pour la question. D'abord tournés vers l'impact de la production d'exposition, davantage de travaux concernent désormais spécifiquement les matériaux : comment favoriser des pratiques permettant de réduire les quantités utilisées, ou étudier des matériaux biosourcés alternatifs aux plastiques ?
Si le sujet est encore minoritaire dans la littérature scientifique, on le retrouve de plus en plus présent dans les publications professionnelles. En attestent les mentions régulières faites au développement durable dans le récent Manuel de régie des œuvres, paru en 2022 à la Documentation française. Citons aussi l'ouvrage collectif à paraître au printemps 2025, à La Documentation française, sous la direction de Lucie Marinier, Aude Porcedda et Hélène Vassal, prônant une Écologie pour un musée sobre et citoyen (titre provisoire). Il vise à donner des clés de compréhension des mutations et des enjeux auxquels sont confrontés les musées tout en ouvrant des perspectives d'actions pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle social et citoyen dans le monde de demain.
Le sujet se développe également dans les événements professionnels du secteur culturel. Les questionnements écologiques sont intégrés aux grands axes de recherche menés par l'AFROA (association française des régisseur·euses d'œuvres d'art) depuis 2019 avec une première journée d'études dédiée au Centre Pompidou puis au Mucem en 2020. Ces journées professionnelles font partie des premières à avoir traité des questions de transport, emballage, scénographie et marchés publics. Plus récemment, citons par exemple le Workshop "Collections, repenser nos récits et nos pratiques" du Palais des Beaux-Arts de Lille en janvier 2024, ou encore l'École internationale d'été "Musées en Transition" en mai 2024 à Toulon, dont les programmes contenaient un volet dédié à l'écoconditionnement.
En parallèle, les institutions proposant des formations continues développent une offre spécifique portée sur l'amélioration des pratiques durables en conservation. À titre d'exemple, l'Institut National du Patrimoine comprend trois sessions traitant de la question des matériaux dans son calendrier de formation continue 2024. Le développement de ces formations et l'intérêt qui leur est porté témoignent d'une réelle préoccupation parmi les professionnel·les de la culture.
Enfin, il semble pertinent de regarder l'évolution de la recherche et des pratiques en dehors de la France. En effet, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, le Canada et les États-Unis par exemple, ont des institutions et réseaux qui s'intéressent eux aussi de plus en plus au sujet de l'écoconditionnement. La Gallery Climate Coalition, le Centre de Conservation du Québec ou l'American Institute for Conservation, pour ne citer qu'eux, sont pionniers en la matière et foisonnent de ressources.
* Lors de l'Atelierrrr Écoconditionnement des œuvres le 23 mai 2024, Florence Bertin a partagé quelques chiffres clés concernant le master 2 Régie et conservation préventive de l'École du Louvre : entre 2011 et 2023, 25 mémoires ont concerné le développement durable sur 352 mémoires rédigés, soit 7%, avec une augmentation notable depuis 2020 car 17% des mémoires rédigés entre 2020 et 2023 concernent des sujets liés au développement durable.
→ Sources :
Formations de l'Institut National du Patrimoine - Développement durable : les nouveaux matériaux de conditionnement, les découvrir et les tester ; Le conditionnement des œuvres avec des matériaux biosourcés ; Solvants et films de peinture : réduire le risque toxique et écotoxique
Catalogue CIPAC - Fédération des professionnels de l'art contemporain
État des lieux des pratiques durables de conservation
En 2023-2024, trois associations professionnelles ont travaillé ensemble à l'élaboration d'un questionnaire sur les pratiques écologiques dans le cadre de la conservation des œuvres d'art : l'AFROA (association française des régisseur·euses d'œuvres d'art), l'APREVU (association des préventeur·rices, universitaires et technicien·nnes de conservation) et la FFCR (fédération française des conservateur·rices-restaurateur·rices).
Près de 200 personnes ont répondu à l'enquête abordant les questions de transport, emballage, consignes climatiques, stockage, réemploi, gestion des déchets, etc. Les réponses ont permis non seulement de dresser un état des lieux des pratiques durables engagées dans les institutions culturelles et ateliers de restauration mais aussi de révéler les difficultés rencontrées, les pratiques hétérogènes et les domaines dans lesquels le manque d'expertise freine la progression vers des pratiques plus écoresponsables.
Des programmes pour soutenir les innovations
Pour soutenir la recherche et les avancées du secteur muséal et trouver des réponses aux impératifs climatiques, plusieurs musées ont développé des projets pluri-institutionnels, lauréats du Plan d'Investissement d'Avenir "Alternatives Vertes 2" de France 2030. Parmi eux :
- Paris Musées qui s'est associé à Atémia et Karbone Prod, ainsi qu'à plusieurs institutions dont le Palais de Tokyo par exemple, pour la création d'une plateforme en ligne mettant à disposition des outils de pilotage pour des expositions écoconçues, de calcul des impacts environnementaux des projets et de diagnostic environnemental fondé sur une démarche d'analyse de cycle de vie. Les questions liées à l'utilisation d'emballages et la production de caisses dans le cadre des expositions temporaires du Palais de Tokyo devraient être intégrées au calculateur carbone en complément des données de transports, plaçant l'écoconception au cœur du processus de pensée des expositions. À plus ou moins long terme, ces données devront être un outil d'aide à la décision en amont de la conception des projets.
- Chenue en temps que porteur de projet au sein d'un consortium comprenant, entre autres, le C2RMF, le GAECO et le musée du quai Branly - Jacques Chirac, propose "Ça va cartonner !" : projet d'écoconception d'un emballage alternatif à base de carton pour les œuvres d'art, ayant également pour objectif de faire évoluer les habitudes d'emballage.
-
ICOM France et Ki Culture proposent un programme de recherche et
de formation intitulé "Prenons le contrôle du climat" afin de repenser
et d'amender collectivement les normes de conservation, en prenant en
compte les spécificités des musées et de leurs collections pour réduire
leur empreinte carbone tout en continuant à garantir les prêts entre
établissements.
En dehors du dispositif "Alternatives Vertes", l'ICOM, avec l'appui du
ministère de la Culture, lance également un projet de référentiel carbone des musées de France dont l'objectif est de concevoir un outil
de mesure d'empreinte carbone réplicable pour l'ensemble des petits et
moyens musées (pour lesquels le bilan carbone n'est pas encore
obligatoire).
À l'échelle européenne, des programmes existent également pour soutenir l'innovation dans le secteur culturel. Les projets GREENART et APACHE sont deux initiatives financées par l'Union Européenne, visant à améliorer la conservation du patrimoine culturel par le biais de solutions durables et innovantes. Bien que leurs objectifs soient similaires en matière de protection du patrimoine, leurs approches et domaines de focalisation présentent des différences significatives. En effet, APACHE se concentre davantage sur les solutions d'emballage intelligentes pour la prévention, tandis que GREENART adopte une approche plus large englobant la restauration active avec des matériaux écologiques et une évaluation rigoureuse de l'impact environnemental.
L'approche cycle de vie
Qu'est-ce qu'une démarche d'écoconception ?
L'écoconception répond à un cadre strictement défini par une norme et dont l'objectif est "d'obtenir un produit ou un service qui répond à un besoin fonctionnel et dont l'impact environnemental a été réduit de façon significative" (Pôle Écoconception). S'inscrire dans une démarche d'écoconception est une manière de tendre vers cet objectif dans un cadre autonome, plus adaptable et accessible. Tous les projets référencés ne sont pas considérés comme "écoconçus" au sens de la norme, mais comme "inspirants" au sens de l'intérêt de la démarche pour réduire ses impacts à différentes étapes du cycle de vie.
Pourquoi la roue de l'écoconception ?
La roue de Brezet et Van Hemel est un outil stratégique couramment utilisé pour construire et analyser une démarche d'écoconception : il s'agit de donner un cadre de pensée autour des impacts en amont, pendant l'usage et en aval d'un projet. Plus précisément : le cercle intérieur définit le cycle de vie du projet ; le cercle extérieur définit les stratégies d'écoconception à chacune de ces étapes du cycle de vie. Pour un axe stratégique, plusieurs actions peuvent être mises en place. Les projets référencés vous en présentent quelques-unes, pour inspiration et partage d'expérience.
Adaptation à l'écoconditionnement
Si elle a été pensée plutôt pour le secteur industriel, la démarche d'écoconception et son outil de la roue de Brezet et Van Hemel sont tout à fait adaptables à un projet culturel et à certains de ses enjeux ciblés, comme l'écoconditionnement. Ce cadre de référence permet en effet d'avoir une vision holistique / systémique du sujet, en prenant en compte l'ensemble de ses impacts dans tout son cycle de vie. Le sommaire de ce guide reprend donc ce même principe, de manière simplifiée et synthétique.
Roue de l'écoconception

Le guide a été construit d'après cette méthodologie : le choix des matériaux (axe 1) ; l'optimisation du conditionnement (axes 2, 3 et 4) ; l'optimisation de l'usage et de la fin de vie (axes 5, 6 et 7) ; le pilotage de la transition via les leviers organisationnels (axe 0).
© Ademe, d'après la roue de Brezet & Van Hemel
Glossaire
Conditionnement
L'objectif d'un conditionnement et des matériaux qui le composent, que ce soit pour le stockage, l'exposition ou le transport, est de protéger les œuvres des risques potentiels d'altération (poussière, polluants internes ou externes, abrasion, chocs, vibrations, pression exercée par les autres objets, climats inadaptés ou lumière). Le conditionnement doit également prévenir les risques engendrés par les manipulations lors de l'emballage, des déplacements, du déballage. Les matériaux utilisés doivent être chimiquement et physiquement compatibles avec les objets. Le type de conditionnement et le choix des matériaux se fait en fonction :
- de la sensibilité de l'objet (nature, structure, état de conservation, type de surface) ;
- des risques présents ou potentiels selon la saison, le mode de transport, les lieux de stockage ;
- de la durée du conditionnement.
Conditionnement temporaire : emballage nécessaire pour le transport des objets. Dans la pratique, ils sont souvent réalisés à partir de mousses de calage en polypropylène ou polyuréthane, qui peuvent, à long terme, endommager les objets. À noter qu'il faut distinguer le conditionnement temporaire pour un transport extérieur à l'institution d'un conditionnement temporaire pour un transfert interne.
Conditionnement pérenne : emballage de stockage ayant vocation à préserver l'objet de manière la plus pérenne possible, en le maintenant à l'abri de la poussière et de la lumière. Ce conditionnement doit permettre de manipuler l'objet sans le toucher directement : palettes avec ou sans sangles, caisses, boîtes, cintres...
Source : Nathalie Palmade-Le Dantec, "Les matériaux du conditionnement et de l'emballage", dans Sophie Daynes-Diallo, Hélène Vassal (dir.), Manuel de régie des œuvres, pp. 273-292, Paris: La Documentation française, 2022.
Écoconditionnement
Conditionnement dont les matériaux constitutifs, la mise en œuvre et l'usage répondent à la fois aux principes de conservation préventive et à des critères environnementaux. Ces principes et critères doivent être ajustés en fonction de la matérialité des œuvres et du besoin exprimé (transport/stockage, temporaire/permanent, etc.).
Nous envisageons le sujet de l'écoconditionnement sous deux angles d'approche :
- un enjeu technique visant à choisir des matériaux à faible impact environnemental et à concevoir des conditionnements de manière plus durable (économie de matière, modes d'assemblage et allongement de la durée de vie du conditionnement) ;
- une gestion des compétences visant à repenser les savoir-faire et les pratiques métiers dans le but d'optimiser le cycle de vie des conditionnements (par ex. organiser le réemploi des matériaux, les espaces de stockages, etc.).
Conservation préventive
La conservation préventive est "l'ensemble des mesures et actions ayant pour objectif d'éviter et de minimiser les détériorations ou pertes à venir. Elles s'inscrivent dans le contexte ou l'environnement d'un bien culturel, mais plus souvent dans ceux d'un ensemble de biens, quels que soient leur ancienneté et leur état. Ces mesures et actions sont indirectes- elles n'interfèrent pas avec les matériaux et structures des biens. Elles ne modifient pas leur apparence."
Source: ICOM-CC
Matériau de conservation
Les matériaux de conservation sont majoritairement issus de l'industrie ; tous ne sont pas spécifiquement fabriqués pour un usage patrimonial (Tyvek®, Mylar, Ethafoam, etc.) et il n'existe pas de réglementation pour définir ce qu'est un matériau de qualité muséale. Ces matériaux doivent néanmoins répondre aux exigences de la conservation préventive, être stables chimiquement dans le temps, pour pouvoir être utilisés sans risque au contact des œuvres :
- inertie chimique (aucune réaction possible entre les objets et les matériaux de contact) ;
- stabilité physique et chimique (le matériau maintient ses propriétés physico-chimiques dans le temps) ;
- innocuité chimique (en cas de dégradation des matériaux, les produits dégagés ne doivent pas être nocifs pour les œuvres) ;
- le moins électrostatique possible ;
- non abrasif.
Source : Ariane Segelstein, "Les matériaux de la conservation préventive", La Lettre de l'OCIM, 192 | 2020 ; DOI
Stabilité chimique
"Caractère de ce qui ne se décompose pas ou ne se modifie pas facilement. Tous les matériaux utilisés en conservation doivent être stables chimiquement, c'est-à-dire résister le plus possible aux dégradations chimiques au fil du temps et à des conditions environnementales variables lors de l'exposition d'une œuvre ou de son stockage. On dit parfois que ces matériaux sont « inertes » chimiquement, cependant ils ne sont pas éternels !"
Source : C2RMF, 2013
Innocuité
Se dit d'un matériau de conservation dont le contact ou les émissions (COV, exsudations, particules, etc.) ne provoquent pas d'altération ou de modification des propriétés de l'objet conditionné ou d'autres objets à proximité.
Source : C2RMF, 2013
Non abrasif
Caractère de ce qui ne présente pas de risque de frottements ou de rayures sur la surface avec laquelle il est en contact. À noter que cette notion est très dépendante de la nature et de l'état de surface du bien culturel emballé.
Source : C2RMF, 2013
Écomatériau
"Un écomatériau (ou matériau écologique) est un matériau qui répond aux critères techniques habituellement exigés des matériaux (performances techniques et fonctionnelles, durabilité, sécurité etc.) et à des critères environnementaux ou socio-environnementaux tout au long de son cycle de vie. L'écomatériau est un produit dont les processus de production, de transport, de mise en œuvre et de fin de vie, présentent globalement, des performances environnementales supérieures à des matériaux courants : consommation d'énergie et de ressources naturelles, émissions de gaz à effet de serre réduites."
Précisons un élément important de cette définition : la prise en compte de tout le cycle de vie du matériau. Ainsi, la durabilité du matériau ne concerne pas seulement les conditions d'extraction (matière naturelle biosourcée comme du bambou par ex.) mais aussi et surtout l'usage qui en sera fait (le bambou serait inadapté pour un banc dans un espace public car la matière n'est pas assez résistante par ex.). Ceci revient à dire qu'il n'y a pas d'éco-matériau en soi.
Matériau biosourcé
Il est fabriqué à partir de matières premières organiques et renouvelables (la biomasse), d'origine végétale ou animale. Les matières à privilégier sont celles dont le stock est largement disponible et produites localement.
Matériau recyclable
À sa fin de vie, le matériau recyclable peut être collecté, traité et remis en usage sous la forme de matières premières ou de produits, qui seront donc dits recyclés. Il existe plusieurs types de recyclage : la filière classique (bac jaune par ex.) ou le recyclage en boucle fermée (retour fabriquant par ex.). À noter que recycler consomme de l'énergie (transport, process industriels...) et que la plupart des matières ne sont pas recyclables à l'infini.
Sources : norme ISO 14021, ADEME
Ressource renouvelable
Ressource naturelle dont le stock peut se reconstituer sur une période courte à l'échelle humaine, en se renouvelant au moins aussi vite qu'elle est consommée.
Réemploi
Toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas des déchets sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus. Le réemploi est l'opération de valorisation en fin de vie la plus vertueuse car l'élément conserve son statut de produit, prévenant la production de déchet.
Sources : article L541-1-1 du Code de l'environnement ; Cycle up
Réutilisation
Toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui sont devenus des déchets sont utilisés de nouveau pour un usage différent ou similaire à l'usage initial. Ainsi, la réutilisation est une opération en deux temps : le propriétaire de l'élément le destine d'abord à devenir un déchet. Puis, le matériau subit une opération de remise en état, ce que le Code de l'Environnement qualifie de "préparation en vue de la réutilisation", c'est-à-dire un traitement de transformation, nettoyage, réparation, etc. lui faisant obtenir à nouveau le statut de produit, pour un nouvel usage.
Sources : article L541-1-1 du Code de l'environnement ; Cycle up ; Ademe
Modularité
Qualité d'éléments interchangeables et indépendants, adaptables à différentes tailles et différents formats. La modularité d'un élément permet l'allongement de sa durée de vie du fait de ses utilisations diverses possibles.
Écoconception
L'écoconception ou l'intégration des aspects environnementaux dans la conception et le développement du produit (biens et services) a pour objectif la réduction des impacts négatifs des produits sur l'environnement tout au long de leur cycle de vie, tout en préservant la qualité d'usage du produit ou en l'améliorant. C'est une approche globale, qui s'engage dès la phase de conception et qui s'applique à tous les composants du produit (accessoires, emballages, pièces de rechanges, etc.). L'écoconception est une démarche normée, dont l'outil principal d'évaluation est l'ACV (analyse de cycle de vie).
Cycle de vie
Par analogie avec le cycle de vie biologique d'un organisme vivant, le terme de cycle de vie est également utilisé pour désigner toutes les étapes de la "vie" d'un produit, d'un service ou d'un procédé. Cette approche est notamment privilégiée afin de réaliser l'inventaire des flux physiques et énergétiques à toutes les étapes de la vie du bien, service ou procédé, et en évaluer l'impact environnemental : extraction des matières premières énergétiques et non énergétiques nécessaires à la fabrication du produit, distribution, utilisation, collecte et élimination vers les filières de fin de vie, ainsi que toutes les phases de transport.
Cette approche apporte une dimension technique à la mise en œuvre d'un projet de conditionnement écoresponsable en l'intégrant dans le champ de l'économie circulaire. Elle débute dès les choix de conception jusqu'à la fin de vie du conditionnement, en passant par les approvisionnements de matériaux, les techniques de fabrication, la logistique, l'usage, l'allongement de la durée d'usage et en dernier lieu, si aucune autre option n'est possible, son recyclage.
Source : Ademe
Analyse de Cycle de Vie (ACV)
L'analyse du cycle de vie est l'outil le plus abouti en matière d'évaluation globale et multicritère des impacts environnementaux. Cette méthode normalisée permet de mesurer les effets quantifiables de produits, de procédés ou de services sur l'environnement, en recensant et quantifiant les flux physiques de matière et d'énergie associés à toutes les étapes de la vie d'un produit ou d'un service, de l'extraction des matières premières jusqu'à la gestion de la fin de vie.
Source : Ademe
Économie circulaire
L'économie circulaire vise à changer de paradigme par rapport à l'économie dite linéaire : en se fondant sur la réutilisation des ressources, des produits et des déchets, elle offre une voie de sortie au modèle du tout jetable. En amont, la prévention des déchets est une dimension fondamentale de l'économie circulaire. En favorisant l'écoconception des produits, les comportements d'achats responsables et en agissant sur l'allongement de leur durée de vie, on économise le recours aux matières premières, notamment celles non renouvelables. Considérés comme inutilisables dans l'économie linéaire, les déchets sont autant de ressources mobilisables dans une économie circulaire. La transformation des déchets en ressources permet dès lors de réduire ces impacts et de sécuriser l'approvisionnement en ressources. L'économie circulaire vise ainsi une gestion sobre et efficace des ressources.
Source : Ademe
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Introduction
1. Le sujet
Voir ci-dessus
2. Choix des matériaux
3. Optimisation du conditionnement
4. Optimisation de l'usage et de la fin de vie
5. Pilotage de la transition
6. Recommandations
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Mentions obligatoires pour citer tout ou partie de ce guide : Augures Lab Scénogrrrraphie, "Guide de l'écoconditionnement des œuvres", juin 2024, url : https://www.ecotheque.fr/boite-a-outils/travaux-du-lab/eco-conditionnement-des-oeuvres